Georges Karin était un homme dans la soixantaine. Il était donc assez vieux, avec un air bravache, des petits yeux bleus perçants et quelques touffes de cheveux sur les côtés du crâne, mais il restait tout de même vigoureux. C’était lui le premier qui avait pensé à éradiquer les chats qui pullulaient dans toute la forêt. Il avait pour ça trouvé l’attaque imparable : Les chiens.

Les chiens grondaient. Cela faisait trop longtemps qu’on les nourrissait de croquettes sans goût, alors qu’ils avaient déjà mangé de la viande. Fraîche. Presque vivante. Les chiens hurlaient, cela attisait leur haine. Surtout que quelques clébards, qui n’appartenaient pas à la même race qu’eux, tournaient autour de leur enclos. Il y avait des chiens gris et blanc, et un grand chien roux et gris. Ils les haïssaient. Mais ils ne les attaqueraient pas. Non, ils ne les attaqueraient pas. Car ils savaient pourquoi ils étaient là, près de la cabane au monstre ronflant (cabane à couper du bois). C’était pour tuer. Manger. Tuer. Exterminer. Manger. Pour éradiquer d cette forêt une race entière, une population entière. Le chien noir, un très grand bâtard, était le chef de meute, l’Alpha. C’était lui qui commandait. Il n’avait pas de nom. C’était l’Alpha. Il donnerait le signal de l’attaque, il verserait le premier sang, il mangerait le premier. Il était le pire des adversaire. Le Bêta était un chien de taille moyenne, brun, complètement abruti mais d’une force incroyable. Il était aussi un des adversaire qui donnerait retord aux proies. Aux chats. Le grand noir grogna, et tous les chiens se mirent à hurler, aboyer à qui mieux mieux. Les humains approchaient. La bataille allait commencer.

Etoile d’Ebène frissonnait. Le clan des étoiles était silencieux, et elle sentait les ennuis comme on sent la pluie arriver. Elle regarda le ciel, et vit leur guérisseur arriver. Ce dernier s’assit près d’elle et la regarda, dans le vague. Le clan des étoiles ne lui avait pas adressé de message. La menace était, cependant, bien réelle. Il le savait. Quand un long hurlement retentit dans le lointain, son sang se glaça dans ses veines, et il se figea. Le hurlement avait été accompagné d’une lueur dans le ciel. Le guérisseur s’attendait à un message, et son chef le regardait avec espoir. Mais le message de vint pas. Juste une étincelle d’espoir dans le hurlement. Les deux chats frissonnèrent.

Les chiens grondaient. L’heure était proche. Après un voyage dans une machine puante, ils étaient arrivés. Ca puait. Ca puait le chat, partout. Les chiens, fous, se jetaient sur les parois. La porte s’ouvrit. Ils se ruèrent à l’extérieur.

Etoile d’Ebène entendit alors, dans le levant, un concert de grognement. Pas des grognements félins. Des grognements canins. Elle sonna le rassemblement, et indiqua à tout le monde sa place dans la bataille. Ils devaient être unis, s’ils voulaient gagner. Les chiens déboulèrent dans le camp en grondant, grognant, hurlant, affamés. Etoile d’Ebène miaula et feula, apeurée mais vaillante. Elle ne montrerait pas sa peur à son clan. Elle devait être forte. La bataille commença, emplie de grondement, grognement, miaulement, aboiement de peur, de rage. Etoile d’Ebène regardait avec horreur les chiens passer par la brèche leur corps massif. Elle sut qu’ils ne gagneraient pas. Pas cette fois. Alors que la bataille battait son plein, elle dépêcha un messager. Leur seule chance de survie était que les autres clans les aident.

Etoile de Cendre était en patrouille avec un apprenti et un guerrier. Ils venaient d’entame une petite conversation avec un patrouille du clan de l’Ombre, au sujet de l’aboiement de la veille. Le chef adverse, Etoile des Pluies, se trouvait dans la patrouille, quand ils virent arriver un chat à toute allure, les poils hérissés. La jeune chef lui demanda ce qu’il avait Ce dernier répondit :
« Le clan de la Rivière…Se fait…Massacrer par des chiens ! Aidez nous ! »
Etoile des Pluies, en face, regardait le chat. Il resta immobile quelques secondes et lança un regard entendu à Etoile de Cendre. Cette dernière lança l’alliance en se tournant vers la guerrière qui l’accompagnait :
« File prévenir le clan du Vent. Dépêche toi ! Toi, viens, nous passons au clan et arrivons ! »
La seconde phrase s’appliquait à l’apprenti. Elle lança un regard au guerrier qui était venu les prévenir. Etoile des Pluies, quand à lui, était déjà parti. Etoile de Cendre lui intima de rentrer à son camp, qu’ils arrivaient. Elle rentra en courant, sonna le rassemblement, et prit la direction du clan de la Rivière dans un galop effréné, le plus de chats possible à sa suite.
De son côté, Etoile des Pluies venait d’en faire autant. La guerrière se dirigeait vers les terres du clan du Vent. Elle arriva en nage, courant comme elle le pouvait. Elle entra dans le camp comme une furie, et demanda la chef avant de se faire immobiliser. Etoile de Givre arriva, et écouta son récit. Elle la crut, et la relâcha avant de rassembler, à son tour, ses guerriers et apprentis aptes au combat. La guerrière du Tonnerre se joignit à eux lors de la course vers le clan de la Rivière.

Les trois chefs et leurs clans arrivèrent à peu près au même moment. La bataille était à son paroxysme, et la fourrure et le sang giclaient partout. Les clans se lancèrent dans la bataille…

La bataille faisait encore rage quand les hommes en eurent assez d’attendre. Georges Karin, en particulier, peu patient, en avait marre de voir ses précieux chiens de guerre se faire massacrer par les chats. Tout n’était pas perdu : les chiens se battaient bravement, tuaient beaucoup et récoltaient peu. Mais quand ils récoltaient, ils mouraient. L’humain, stratège, sut qu’il fallait arrêter le massacre, que personne ne survivrait, que les chats étaient vaillants. Une flamme luisait dans ses yeux. Les chats avaient gagnés une bataille, mais pas la guerre ! Si les chiens ne marchaient pas, peut être autre chose marcherait il ? Enfin, il arriva dans le clan, malhabile sur ses grands panards, et beugla un ordre aux chiens. In Petto, il admirait le courage de ces chats, beaucoup plus petits que les chiens. Il ricana, et partit, emmenant les chiens, bottant le cul de ceux qui étaient trop lents. Ils rentraient à la maison. Et vite. Un chat hargneux, lui griffa la jambe, et Georges l’envoya valser plus loin d’un coup de pied bien senti. Les chats aux alentours commencèrent à cracher de colère, et le vieil homme se dépêcha de décamper.

L’Alpha, le grand bâtard noir, décampa tout de suite quand son maître l’appela, se mangeant un arbre au passage. Il était aveugle…Il poussa un hurlement de rassemblement que ses subordonnés ne pouvaient ignorer, et fila dans la forêt, vers l’odeur des hommes, qu’il préférait maintenant à celle des chats…L’idée de la vengeance avait effleuré son esprit, mais sans rien voir…C’était impossible. Et puis il présentait ce qui allait arriver. Ca se passa alors que lui et ses compagnons étaient dans la grosse machine puante : l’Alpha était faible, il fallait l’éliminer. Le petit chien gris entama les hostilités en lui mordant la patte, le sachant incapable de contre-attaquer. A partir de là, de tout ce que se souvient le Bâtard, plus alpha du tout, ce fut une morsure au cou et un vide.

Etoile d’Ebène marchait la tête basse. Son camp était totalement détruit, et beaucoup de ses guerriers étaient morts, les autres étaient, sans exception, amochés d’une façon ou d’une autre. Elle ne redoutait pas une attaque d’un autre clan : ils étaient tous aussi faibles, mais surtout une attaque d’Etoile de Tigre : Elle l’avait vu. Et elle avait entendu un récit qui l’avait glacé d’effroi : Etoile de Givre aurait été sous les dents d’un chien où Etoile de Tigre aurait été la déloger pour lui donner lui-même le coup de grâce. Etoile d’Ebène grimaça en voyant un autre corps dans la boue : Etoile des Pluies. Etoile des Pluies et Etoile de Givre avaient péries… Elle leva la tête et aperçut Etoile de Cendre. La chef du clan de la Rivière esquissa un sourire. Elle n’était pas seule. Elle regarda autour d’elle. Son clan s’afférait déjà, oignant les blessures sans voir le clan de chacun. Non, elle n’était pas seule, et ne le serait jamais. Elle était fière de son clan. Elle accepta l’aide de la meneuse du Tonnerre de quelques guerriers pour reconstruire le camp et évacuer les morts et blessés trop profondément. Elle donna les ordres à son clan, alors qu’Etoile de Cendre s'éloignait.

Etoile de Cendre regardait Griffe d’Argent et s’approcha.

« Etoile des Pluies était une bonne chef. Elle n’a pas eu de chance de mourir aussi jeune. Soit digne d’elle. »

Elle s’écarta, cherchant le lieutenant du clan du Vent. Elle ne le trouva pas, et vit sa guérisseuse s’approcher. Elle la regarda, intriguée. Que lui voulait elle ? Elle comprit tout de suite quand elle parla, les yeux dans le vague.

« Etoile de Cendre…Les guerriers d’autrefois m’ont parlés, comme ils l’ont fait je pense à tous les guérisseurs. Il a donné une lueur d’espoir au clan, et m’a dit autre chose…Le clan du Vent n’est pas au bout de ses surprises : Ciel d’Hiver, bien que je ne sache pas qui c’est, devra être la digne descendante d’Etoile de Givre. Autant dire qu’elle est appelée pour être chef. »

Etoile de Cendre fut étonnée : elle connaissait la petite chatte blanche, pas personnellement mais de réputation. C’était une jolie et gentille petite chatte blanche…Solitaire ! Etoile de Cendre la regarda : elle était complètement dans les vapes, à côté de la plaque…Elle avait dut recevoir un message des anciens. Etoile de Cendre s’approcha d’elle et la salua comme on salue un égal, pour lui parler.

« Je suis sure que tu y arriveras. »

Elle s’écarta ensuite, la laissant seule ruminer cela. Elle savait qu’elle serait un bon chef : Etoile des Pluies elle-même n’avait elle pas été solitaire ?

Les clans firent le bilan :

Une quinzaine de chats morts, à enterrer, valeureux.
Tous les autres chats blessés.
Chefs du clan du Vent et de l’Ombre morts
Camp de la Rivière à reconstruire.
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